A 79 ans, le professeur Jean-Claude Bajeux - qui nous a quittés ce vendredi - a eu une vie extrêmement riche, ponctuée à la fois de moments de pleine satisfaction et de malheurs irrémédiables. De nos fréquentes conversations à bâtons rompus chez lui à Péguy-ville, j'en garde des souvenirs irremplaçables, tant sa grande culture, son esprit de synthèse et sa mémoire prodigieuse étaient servis, malgré son état maladif sporadique, par une allégresse étonnante. Vif dans ses convictions, d'une grande gentillesse, toujours prêt à aider ou à partager, il était farouchement opposé à l'injustice, à l'ignorance et à l'arbitraire.
Nous nous sommes rencontrés au lendemain du 7 février 1986. Il fut le tout premier exilé politique et militant anti-duvaliériste à fouler le sol national après avoir dû le quitter en février 1964 pour aller vivre à Porto Rico. Quelques mois plus tard, j'allais réaliser avec lui un entretien-fleuve dans le cadre de mon projet de publication sur la littérature haïtienne de la diaspora. Par la suite, grâce à ses visites répétées au bureau de son oncle Lucien Montas, directeur et rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste, notre amitié prit la dimension d'une complicité enrichissante.
Je serais avant tout tenté d'évoquer la figure resplendissante de cet intellectuel attachant, de cet homme de culture magnifique, de cet écrivain exigeant et laborieux, de ce professeur émérite. Mais hélas ! je ne crois pas avoir ni assez de données ni toute la mémoire pour embrasser les divers visages de Jean-Claude Bajeux. Mais celui qui m'est vraiment familier, celui que je connais assez bien, c'est l'écrivain. Brillant, fin lettré, maître du verbe, il était à la fois un nouvelliste d'une élégance séduisante, un poète très guindé, caractérisé par un phrasé moderne, un critique d'essence académique. Et son passage au sein de l'Eglise catholique et ses études doctorales expliquent en grande partie ses modes de pensée et d'analyse. En témoigne son ouvrage, Antilia retrouvée (1977), consacré à l'analyse de l'oeuvre de trois poètes caribéens (Claude McKay, Louis Pales Matos, Aimé Césaire) comme base de sa thèse de doctorat à l'université de Princeton.
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Nous nous sommes rencontrés au lendemain du 7 février 1986. Il fut le tout premier exilé politique et militant anti-duvaliériste à fouler le sol national après avoir dû le quitter en février 1964 pour aller vivre à Porto Rico. Quelques mois plus tard, j'allais réaliser avec lui un entretien-fleuve dans le cadre de mon projet de publication sur la littérature haïtienne de la diaspora. Par la suite, grâce à ses visites répétées au bureau de son oncle Lucien Montas, directeur et rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste, notre amitié prit la dimension d'une complicité enrichissante.
Je serais avant tout tenté d'évoquer la figure resplendissante de cet intellectuel attachant, de cet homme de culture magnifique, de cet écrivain exigeant et laborieux, de ce professeur émérite. Mais hélas ! je ne crois pas avoir ni assez de données ni toute la mémoire pour embrasser les divers visages de Jean-Claude Bajeux. Mais celui qui m'est vraiment familier, celui que je connais assez bien, c'est l'écrivain. Brillant, fin lettré, maître du verbe, il était à la fois un nouvelliste d'une élégance séduisante, un poète très guindé, caractérisé par un phrasé moderne, un critique d'essence académique. Et son passage au sein de l'Eglise catholique et ses études doctorales expliquent en grande partie ses modes de pensée et d'analyse. En témoigne son ouvrage, Antilia retrouvée (1977), consacré à l'analyse de l'oeuvre de trois poètes caribéens (Claude McKay, Louis Pales Matos, Aimé Césaire) comme base de sa thèse de doctorat à l'université de Princeton.
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