Dans la droite ligne de sa filmographie, Raoul Peck entreprend de questionner le pouvoir, ses excès et les grimaces qu’il dessine à gros traits sur les visages humains. Le film témoigne des dernières vingt-quatre heures d’un dictateur qui sombre dans la folie. Universel, le propos du film n’en est pas moins profondément ancré en Haïti.
Citadelle Henri (Milot) --- Depuis le chemin qui, de Milot, serpente le long des mornes pour rejoindre la Citadelle Laferrière, résonne l’hymne national haïtien. Une sensation étrange, d’anachronisme, envahit les environs de la Citadelle édifiée au XIX ième siècle par le Roi Christophe, aujourd’hui encore cerclée par la brume.
L’air est fidèle mais étrange, pesant. Passé les enceintes de la citadelle, on découvre une trentaine de musiciens en uniforme impeccable, appliqués face au chef d’orchestre des lieux, aujourd’hui Palais. Autour d’eux, des caméras, techniciens, éclairagistes. Depuis une salle en retrait, le « coupez » traditionnel aux plateaux de cinéma s’évade. Raoul Peck en sort quelques secondes plus tard ; les musiciens soufflent, rient, les paroles reprennent.
Nous sommes sur le tournage de « Moloch tropical », titre provisoire du sixième long-métrage de fiction du réalisateur (après ’L’Homme sur les quais’ ou ’Lumumba’), entièrement tourné à la Citadelle. Un lieu que Peck a choisi comme décor pour valoriser ce joyau du patrimoine haïtien et pour l’isolement qu’il symbolise. L’histoire du film est celle d’un dictateur esseulé durant ses 24 dernières heures au pouvoir, dont les excès l’enfermeront définitivement dans la folie.
Thème de prédilection dans la filmographie de Raoul Peck, ce film parle du Pouvoir, de ses dérives et de l’impact qu’il a sur les individus. Ce huis-clos, qui devrait être achevé à l’automne 2009, dessinera sur les écrans une foule de personnages présents dans la ’cour’, dans les coulisses du pouvoir, des personnages d’apparence anodins, néanmoins indispensables à la ’bonne marche’ du système, et au dysfonctionnement du reste.
« Silence ». Les scènes de l’orchestre reprennent. Concentration pour un rôle dévoué à l’obéissance. Le comédien haïtien Patrick Joseph, qu’on a pu voir sur les scènes de théâtre en Haïti, incarne le rôle d’un jeune musicien, doué, ambitieux mais frustré. « Pour moi, cet orchestre représente l’ordre, où tout le monde doit jouer la partition. Il n’y a pas la moindre improvisation ou elle est réprimée sur le champ », déclare-t-il.
« Un proverbe haïtien dit en substance ’Fidèle comme des musiciens de palais’, illustre Raoul Peck. C’est un symbole du pouvoir qui devient le pouvoir pour le pouvoir. L’orchestre est supposé être là pour servir l’Etat, mais au bout d’un moment, il ne cherche qu’à préserver son statut d’orchestre de palais. Quel que soit ce qui se déroule à l’extérieur, quelle que soit la personne qui dirige. C’est symboliquement l’attitude que nous avons trop souvent par rapport à l’histoire. »
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Citadelle Henri (Milot) --- Depuis le chemin qui, de Milot, serpente le long des mornes pour rejoindre la Citadelle Laferrière, résonne l’hymne national haïtien. Une sensation étrange, d’anachronisme, envahit les environs de la Citadelle édifiée au XIX ième siècle par le Roi Christophe, aujourd’hui encore cerclée par la brume.
L’air est fidèle mais étrange, pesant. Passé les enceintes de la citadelle, on découvre une trentaine de musiciens en uniforme impeccable, appliqués face au chef d’orchestre des lieux, aujourd’hui Palais. Autour d’eux, des caméras, techniciens, éclairagistes. Depuis une salle en retrait, le « coupez » traditionnel aux plateaux de cinéma s’évade. Raoul Peck en sort quelques secondes plus tard ; les musiciens soufflent, rient, les paroles reprennent.
Nous sommes sur le tournage de « Moloch tropical », titre provisoire du sixième long-métrage de fiction du réalisateur (après ’L’Homme sur les quais’ ou ’Lumumba’), entièrement tourné à la Citadelle. Un lieu que Peck a choisi comme décor pour valoriser ce joyau du patrimoine haïtien et pour l’isolement qu’il symbolise. L’histoire du film est celle d’un dictateur esseulé durant ses 24 dernières heures au pouvoir, dont les excès l’enfermeront définitivement dans la folie.
Thème de prédilection dans la filmographie de Raoul Peck, ce film parle du Pouvoir, de ses dérives et de l’impact qu’il a sur les individus. Ce huis-clos, qui devrait être achevé à l’automne 2009, dessinera sur les écrans une foule de personnages présents dans la ’cour’, dans les coulisses du pouvoir, des personnages d’apparence anodins, néanmoins indispensables à la ’bonne marche’ du système, et au dysfonctionnement du reste.
« Silence ». Les scènes de l’orchestre reprennent. Concentration pour un rôle dévoué à l’obéissance. Le comédien haïtien Patrick Joseph, qu’on a pu voir sur les scènes de théâtre en Haïti, incarne le rôle d’un jeune musicien, doué, ambitieux mais frustré. « Pour moi, cet orchestre représente l’ordre, où tout le monde doit jouer la partition. Il n’y a pas la moindre improvisation ou elle est réprimée sur le champ », déclare-t-il.
« Un proverbe haïtien dit en substance ’Fidèle comme des musiciens de palais’, illustre Raoul Peck. C’est un symbole du pouvoir qui devient le pouvoir pour le pouvoir. L’orchestre est supposé être là pour servir l’Etat, mais au bout d’un moment, il ne cherche qu’à préserver son statut d’orchestre de palais. Quel que soit ce qui se déroule à l’extérieur, quelle que soit la personne qui dirige. C’est symboliquement l’attitude que nous avons trop souvent par rapport à l’histoire. »
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