Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Haïti dans le monde

"Port-au-Prince, dimanche 4 janvier. Les vibrants silences d'Haïti" par Olivier Barlet



Deux frères aux choix opposés, pour une vision contrastée d'Haïti à une époque cruciale : le Bicentenaire en 2004, peu avant le départ d'Aristide. Lucien est vertueux, philosophe avocat en puissance ; Ezéchiel (surnommé Little Joe) est un brigand, enferré dans les magouilles. Le revolver contre Spinoza. La dualité simplificatrice menace, mais courageusement, le film la surmonte. Un insert de départ, issu d'une note liminaire du roman Bicentenaire de Lyonel Trouillot dont il est adapté, prévient en effet : "Tout ici ne renvoie qu'à l'incommunicable, au silence que cachent le bruit et la fureur". Le mot "incommunicable" n'a pas été repris à l'écran, sans doute pour faciliter la lecture, mais il est essentiel car c'est bien cela le problème d'un film qui veut témoigner des révoltes haïtiennes : comment faire sentir ce que cachent le bruit et la fureur ? On retrouvera en écho durant le film cette voix du narrateur qui dans le roman prend tant d'importance : "A l'intérieur de chacune de ces personnes vivent des cris, mais il y a aussi un monde de silence et nul n'entend le silence de l'autre". L'enjeu sera ainsi de rendre en images à la fois cette voix et ce silence, c'est-à-dire à faire le contraire d'un discours.

De fait, chacun est terriblement seul dans Port-au-Prince, dimanche 4 janvier, une solitude naviguant entre lassitude et survie alors que, pourtant, le collectif des résistants se fonde dans la préparation et les développements d'une nouvelle manifestation devant le Palais national pour réclamer dignité et liberté. Les étudiants débattent de la non-violence face à la répression. Un manifestant empêchera un autre de lancer une pierre sur la police qui n'attend que ça pour les charger, avant que tout ne s'enflamme. La beauté de toute révolution est le courage de chacun : tout Haïtien conscient de l'Histoire de sa terre sait que cela passera par des sacrifices. Qui est prêt à risquer sa vie ? Comme le dit la mère aveugle des deux frères : "C'est dans la chair qu'il faut faire mal, c'est dans la chair que le monde change". C'est un surgissement des courages que filme Marthouret, mêlant habilement des images d'archives de Port-au-Prince à des scènes tournées à Pointe-à-Pitre. Le temps quasi documentaire consacré aux émeutes est à l'aune du premier degré que le film emprunte au roman lorsqu'il rappelle les croûtes de misère de Port-au-Prince, non pour les esthétiser mais pour leur donner une voix. Si François Marthouret, acteur immense à la filmographie impressionnante, a convaincu Lyonel Trouillot qu'il pouvait le faire, c'est que son projet était de partir du réel haïtien, avec des acteurs haïtiens, sans chercher à le transformer.
C'était le pari dangereux d'un film à petit budget en immersion : le français flageolant d'Ezéchiel fragilise le film là où le créole aurait sonné plus juste, et le film manque de fluidité dans sa mise en scène et son montage. Mais si Port-au-Prince, dimanche 4 janvier touche au but, c'est par l'ampleur qu'il sait donner à son titre, celle d'un de ces moments de l'histoire haïtienne où la résistance prend le pas sur la désespérance. Alors même que les Chimères, les bandes armées d'Aristide, terrorisent les manifestants, les jours du "Prophète" sont comptés, qui démissionnera le 29 février 2004, lâché par la France et les Etats-Unis. En paradoxal contrepoint, le Chimère Ezéchiel porte le nom d'un prophète qui voit les hommes offenser Dieu et en prévoit le châtiment. - See more at: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=13065#sthash.Hg9fOce2.dpuf

C'était le pari dangereux d'un film à petit budget en immersion : le français flageolant d'Ezéchiel fragilise le film là où le créole aurait sonné plus juste, et le film manque de fluidité dans sa mise en scène et son montage. Mais si Port-au-Prince, dimanche 4 janvier touche au but, c'est par l'ampleur qu'il sait donner à son titre, celle d'un de ces moments de l'histoire haïtienne où la résistance prend le pas sur la désespérance. Alors même que les Chimères, les bandes armées d'Aristide, terrorisent les manifestants, les jours du "Prophète" sont comptés, qui démissionnera le 29 février 2004, lâché par la France et les Etats-Unis. En paradoxal contrepoint, le Chimère Ezéchiel porte le nom d'un prophète qui voit les hommes offenser Dieu et en prévoit le châtiment

Lire la suite sur Africultures...

Jeudi 23 Juillet 2015
Admin C2I
Lu 321 fois

Ajouter un commentaire


Catalogue des films / Film Catalog

Editeur et distributeur de DVD indépendant, le Collectif 2004 Images est spécialisé dans la production documentaire haïtienne et présente des films d'auteurs inédits, qu'il diffuse auprès du grand public, des festivals de films et dans le réseau des médiathèques et universités. Il intègre également à son catalogue des oeuvres de réalisateurs étrangers, qui portent un regard singulier sur Haïti. Pour connaître les droits de diffusion et d'acquisition, n'hésitez pas à nous contacter


Independant film publisher and distributor, the Collectif 2004 Images, is specialized on Haitian documentary ; it's large catalog of films includes those made by Haitian authors as well as foreign filmakers baring a singular view on Haiti. Most of our films are available for the general consumer and institutions. Please, check with us for the rights



Claudia Brutus, plasticienne
L'
Sébastien Jean
Eddy Saint-Martin, plasticien
Manuel Mathieu
20 artistes pour haïti
Chantal Regnault
Marie-Louise Fouchard
 Le Collectif 2004 Images, présent à la 5ème Journée des associations franco-haïtiennes - le 28 juin 2008
Charles Carrié
Exposition:
Seisme du 12 janvier 2010: Des oeuvres à partir des débris...



Inscription à la newsletter

Les News

http://haiti.spla.pro/

L M M J V S D
        1 2 3
4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17
18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31

Partager ce site
RSS Syndication