Edouard Glissant est mort le 3 février dernier à Paris à l’âge de 82 ans. Ce grand ami d’Haïti a laissé derrière lui une littérature abondante et phénoménale.
Avec la mort d’Edouard Glissant, la littérature caribéenne perd un penseur de classe. Connu en Haïti comme poète, dramaturge, romancier et penseur, le défunt philosophe antillais dépasse les frontières de sa Martinique natale à cause de la puissance de son œuvre intellectuelle protéiforme.
Dès la parution de son essai assez pointu, “Discours antillais”, de nombreux créateurs haïtiens ont vu en Glissant un maitre à penser de la question caribéenne.
Le chercheur haïtien Raymond Chassagne a consacré tout un travail doctoral aux œuvres littéraires et savantes de l’écrivain antillais. « Edouard Glissant suppose, propose, affine la notion d’Antillanité (…) doctrine caractérisée par la réappropriation de l’espace, de l’histoire et de la culture caribéenne par ses propres habitants », écrit Chassagne dans sa thèse.
Edouard Glissant, auteur de “La Lézarde”, prix Renaudot en 1958, a fondé et dirigé “Acoma”, une revue de littérature, de sciences humaines et politiques.
Elevé à la direction de la revue Courrier de l’UNESCO, l’écrivain caribéen avait développé des liens fraternels avec de brillants intellectuels haïtiens dont René Depestre, Laënnec Hurbon et Franckétienne pour ne citer que ceux-là.
Les motivations discursives de l’auteur du “Discours antillais” vont au-delà de l’Archipel antillais (Martinique, Guadeloupe, sous-bassin caribéen).
De plus, sa formulation de l’éloge de la créolisation, c’est-a-dire un monde en métissage permanent et brassage constant, le travail de ce forgeron de l’intelligentsia libre a eu des échos à travers le monde.
Beaucoup de penseurs européens et non-européens ont presque pris l’habitude de se référer dans l’inter-siècle à Glissant pour parler des grandes mutations du monde actuel.
La sympathie haïtienne de l’auteur de “Malemort”, autre texte de création de Glissant, l’a amené à consacrer un drame théâtral de premier plan à Toussaint Louverture “Monsieur Toussaint”, pièce publiée aux Editions du Seuil et jouée dans plusieurs festivals.
Invité plusieurs fois en Haïti en tant qu’intellectuel d’avant-garde, Glissant a su attirer la sympathie de l’écrivain bien connu Frankétienne et de la poétique créole.
Frankétienne, Aimé Césaire et Edouard Glissant se sont vu dédier en 1989 un manifeste littéraire osé, publié chez Gallimard, “Eloge de la créolité” cosigné par Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau et Jean Barnabé.
Le manifeste en question charrie l’élan césairien, la hardiesse frankienne et le fleuve tranquille glissantain.
A la chute de Jean-Bertrand Aristide survenue en 2004 en plein bicentenaire mouvementé de la fondation d’Haïti, le professeur émérite Edouard Glissant a critiqué l’intelligentsia haïtienne pour avoir laissé les paramètres de la gestion de la République d’Haïti à des aventuristes de tout poil, si l’on résume sa pensée. D’où le désaccord douloureux entre Glissant et le monde intellectuel haïtien jusqu’au décès de l’auteur de “Tout-Monde”.
Dominique Batraville
Avec la mort d’Edouard Glissant, la littérature caribéenne perd un penseur de classe. Connu en Haïti comme poète, dramaturge, romancier et penseur, le défunt philosophe antillais dépasse les frontières de sa Martinique natale à cause de la puissance de son œuvre intellectuelle protéiforme.
Dès la parution de son essai assez pointu, “Discours antillais”, de nombreux créateurs haïtiens ont vu en Glissant un maitre à penser de la question caribéenne.
Le chercheur haïtien Raymond Chassagne a consacré tout un travail doctoral aux œuvres littéraires et savantes de l’écrivain antillais. « Edouard Glissant suppose, propose, affine la notion d’Antillanité (…) doctrine caractérisée par la réappropriation de l’espace, de l’histoire et de la culture caribéenne par ses propres habitants », écrit Chassagne dans sa thèse.
Edouard Glissant, auteur de “La Lézarde”, prix Renaudot en 1958, a fondé et dirigé “Acoma”, une revue de littérature, de sciences humaines et politiques.
Elevé à la direction de la revue Courrier de l’UNESCO, l’écrivain caribéen avait développé des liens fraternels avec de brillants intellectuels haïtiens dont René Depestre, Laënnec Hurbon et Franckétienne pour ne citer que ceux-là.
Les motivations discursives de l’auteur du “Discours antillais” vont au-delà de l’Archipel antillais (Martinique, Guadeloupe, sous-bassin caribéen).
De plus, sa formulation de l’éloge de la créolisation, c’est-a-dire un monde en métissage permanent et brassage constant, le travail de ce forgeron de l’intelligentsia libre a eu des échos à travers le monde.
Beaucoup de penseurs européens et non-européens ont presque pris l’habitude de se référer dans l’inter-siècle à Glissant pour parler des grandes mutations du monde actuel.
La sympathie haïtienne de l’auteur de “Malemort”, autre texte de création de Glissant, l’a amené à consacrer un drame théâtral de premier plan à Toussaint Louverture “Monsieur Toussaint”, pièce publiée aux Editions du Seuil et jouée dans plusieurs festivals.
Invité plusieurs fois en Haïti en tant qu’intellectuel d’avant-garde, Glissant a su attirer la sympathie de l’écrivain bien connu Frankétienne et de la poétique créole.
Frankétienne, Aimé Césaire et Edouard Glissant se sont vu dédier en 1989 un manifeste littéraire osé, publié chez Gallimard, “Eloge de la créolité” cosigné par Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau et Jean Barnabé.
Le manifeste en question charrie l’élan césairien, la hardiesse frankienne et le fleuve tranquille glissantain.
A la chute de Jean-Bertrand Aristide survenue en 2004 en plein bicentenaire mouvementé de la fondation d’Haïti, le professeur émérite Edouard Glissant a critiqué l’intelligentsia haïtienne pour avoir laissé les paramètres de la gestion de la République d’Haïti à des aventuristes de tout poil, si l’on résume sa pensée. D’où le désaccord douloureux entre Glissant et le monde intellectuel haïtien jusqu’au décès de l’auteur de “Tout-Monde”.
Dominique Batraville