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Haïti dans le monde

8 mars 2011 - Mimi Barthélémy, décorée chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur par le ministre de la culture français, Frédéric Mittérand



Juste avant sa visite à Washington pour un spectacle à la Maison Française   Mimi Barthélémy a reçu une belle éloge, lors du discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de la cérémonie de remise des insignes de chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres à Anne-Françoise Jumeau, Véronique Nora-Milin et Aline Vidal, de chevalier dans l'ordre national du Mérite à Jacqueline Ada et Gaëlle Lauriot-Prévost, et de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur à Michèle Armand dite Mimi Barthélémy, Jacqueline Dulac et Véronique Gens, dans le cadre de la journée internationale des femmes.


Chère Mimi Barthélémy,

Quand je pense à vous, à votre histoire, je ne peux m’empêcher d’avoir à l’esprit cette phrase de Victor Segalen dans Les Immémoriaux : « C’est mauvais signe lorsque les mots se refusent aux hommes que les dieux ont désignés pour être gardiens des mots ». Vous êtes à mon sens une gardienne des mémoires de la Caraïbe, une voix retrouvée de l’imaginaire et de la mythologie d’Haïti. Vous avez répandu partout le souffle des contes populaires, vous à qui le désir d’adaptation en métropole avait littéralement coûté la voix. Votre travail sur le conte chanté de tradition haïtienne a légué à la culture francophone un nouveau type de conte musical. La voix et l’identité sont pour vous parties liées, c’est pourquoi lorsqu’étudiante à Paris votre aspiration à être une française comme les autres, étouffe dans l’oubli votre culture d’origine, la perte d’identité,l’aliénation totale comme vous le dîtes, vous fit perdre les aigus dans la voix. Après une enfance passée à Port-au-Prince, vous poursuivez vos études supérieures à Science Po et à l’université Paris X où vous obtenez une licence puis une maîtrise en lettres espagnoles. Curieuse d’autres civilisations, vous ne résistez pas à l’appel du large et partez en République du Honduras. C’est là que vous allez à la rencontre des indiens caraïbes noirs, les Garifunas. Cette rencontre fut d’une importance capitale, car elle vous a permis, par leur biais, de mieux pénétrer votre propre culture, de relier la Caraïbe à l’inconscient de ses ancêtres africains. En effet vous travaillez avec les Garifunas à un spectacle, Loubavagu ou L’autre rive lointaine dans lequel ils se réapproprient leur histoire oubliée après leur déportation au XVIII ème siècle. Vous retournez ensuite en France, enrichie d’une expérience « miroir » et vous entreprenez une thèse sur la valorisation des minorités par le théâtre.C’est à l’occasion d’une rencontre que vous aviez organisé à l’Alliance Française de Rabat pour accueillir le chanteur Jo Archer en tournée au Maroc, où votre premier époux était en poste d’attaché culturel, que vous vous êtes mise à réciter. C’est grâce à la curiosité des Marocains que vous vous êtes posée la question de votre identité et de votre patrimoine culturel. Vous avez trouvé vos voix/es. Vous vous mettez à conter en puisant dans la tradition orale haïtienne, vous tissez avec vos deux langues, le français et le créole, des contes dans le souci de transmettre et de faire don de la richesse culturelle de la Caraïbe.Depuis le fin des années 80, vous contez des histoires, celles que les bonnes vous racontaient enfant, ou encore celles recensées par les ethnologues des Caraïbes, seule ou avec des musiciens dans des centres culturels, des bibliothèques, des appartements privés, des écoles, des prisons et des hôpitaux. Vos spectacles reflètent deux axes principaux : la rencontre, sous une forme théâtrale, de l’écriture scénique et de l’oralité, l’évocation d’une histoire personnelle et d’une histoire collective comme en témoignent La cocarde d’ébène, Soldats-Marrons, La dernière lettre de l’amiral, qui reçut en 1992 le prix Arletty de l’Universalité de la langue Française ou encore Jeux de cailloux. Et dans un second temps, un travail sur la tradition chantée du conte avec L’oranger magique, La reine des poissons à qui le 3ème festival d’Acteurs d’Evry décerna le Becker d’Or en1989, mais encore Tendez chanter l’amour ou Voyage en papillon.Votre compagnie Ti Moun Fou - nom qui à l’origine était le surnom dont on vous avait affublé car vous étiez très différente des enfants de votre milieu social - désireuse d’un contact avec la population créole, regroupe des artistes tels que Serge Tamas, Amos Coulanges ou Elodie Barthélémy,votre fille artiste peintre et plasticienne avec qui vous avez partagé la scène en duo gestuel dans votre pièce Une très belle mort.Au-delà des épopées du souvenir, des récits des misères actuelles, vous considérez le conte comme une des expressions les plus vivaces de la culture haïtienne, comme un moyen pour les peuples des Caraïbes de ressaisir leurs mythes fondateurs et comme une refondation de la parole populaire dans ses dimensions imaginatives et patrimoniales.Après le terrible séisme qu’a connu Haïti, vous vous êtes fortement impliquée pour venir en aide à vos concitoyens. Dans votre spectacle Ma Planète après le 12 janvier, on y retrouve des récits originaires de la Caraïbe qui parlent de renaissance, de dépassements, du bon usage de la parole mais aussi de l’amour de la nature.Chère Mimi Barthélémy, je suis particulièrement heureux de rendre hommage à votre œuvre qui est un modèle de générosité et un appel à l’enchantement du monde. Je souhaite saluer tous ceux qui, à vos côtés,ont contribué à faire exister les langues minoritaires dans la francophonie,et saluer la mémoire de votre second mari, Guillermo Cardet, qui a été d’un précieux soutien dans cette quête. Je suis ému d’honorer aujourd’hui, jour de célébration de toutes les femmes, non seulement la petite-fille du Président haïtien Louis Borno, la fille du feu Dr Maurice Armand, officier de la Légion d’Honneur, mais aussi et surtout d’honorer en votre personne la muse de la culture haïtienne.
Chère Mimi Barthélémy, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur." F. M.

Dimanche 13 Mars 2011
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